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Avant-propos

Sara Maddalena* et Caterina Manco**

 

 

« La vi fontaine clere et vive,

Sourdant d’un gros dois qui l’avive »

(« Là je vis une fontaine claire et vive,

Alimentée par une source d’un bon débit »)

Christine de Pizan, Le Livre du chemin de long estude, 1402.

 

Toute activité de recherche suppose un dialogue avec des sources (orales, écrites, figuratives, etc.)1. Lorsque nous les abordons, que nous racontent les registres, les journaux intimes, les dessins, les édifices, les poèmes, les guides de voyages, entre autres ? Ces sources ne sauraient être un accès direct à la vérité, mais une médiation entre un auteur et un ou plusieurs récepteurs (Carr, 1966, p.11-35).

La réception la plus correcte de la source dépend de deux facteurs : d’une part la fiabilité de la source et d’autre part de la lecture que l’on en fait. En effet, une réalité donnée se transforme au fur et à mesure des aléas de sa transmission. Au-delà de la création des faux (Bloch, 1993, p.126-139 ; Chabod, 2006, p.67-101), des altérations volontaires ou involontaires peuvent survenir. En outre, lorsque le chercheur s’approche des sources, il doit essayer de se représenter et de comprendre les procédés mentaux de leurs auteurs, ainsi que la mentalité de l’époque qui imprègne les faits qu’il étudie, sans que le « virus du moment », pour reprendre l’expression de Marc Bloch, laisse « filtrer [s]es toxines » dans le sujet de sa recherche (Bloch, 1993, p.91).

Ensuite, une fois que l’on a résolu l’énigme de la voix de l’histoire et que l’on parvient à déterminer d’où elle nous parle, comment elle nous regarde, ce qu’elle veut nous dire par certaines reconstructions, etc., il devient possible de nous interroger sur les faits. Les faits sont les scintillements du passé par lesquels on reconstruit la lumière d’une salle inhabitée, qui hébergea autrefois une présence momentanée, subtile, parfois fugitive, mais qui garde toujours un intérêt pour le présent. On s’interroge donc sur ce que ces scintillements peuvent nous dévoiler de la réalité qu’ils évoquent et des transformations qu’elle a subies.

Ces problématiques ont présidé au colloque international « Scripta manent. Sources, traces, témoignages : la question de la transmission » que nous avons organisé à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 les 23-24 mai 2019 avec Sandra Carabin, Thomas Robardet-Caffin et Frédérique Tudoret-Puech. Les onze contributions qui suivent n’ont pas l’ambition de passer en revue toutes les questions concernant les sources, mais visent à approfondir quelques problèmes inhérents à leurs conservation et transmission, à la reconstruction d’une réalité, et à leurs adaptation, défiguration et perception.

 

1) Conservation et transmission des sources

La conservation et la transmission des sources sont conditionnées par les conjonctures historiques, culturelles et/ou matérielles, les pratiques et les mentalités des époques, ainsi que par les modifications les plus sensibles de l’esprit. Marc Bloch rappelle, par exemple, que « les deux guerres mondiales ont rayé d’un sol, chargé de gloire, monuments et dépôts d’archives » (Bloch, 1993, p.115). Entre IIe et IVe siècles de notre ère, en revanche, le passage du rouleau au codex a obligé les copistes à effectuer une sélection parmi l’ensemble de textes anciens à transmettre à la postérité : Leighton D. Reynolds et Nigel G. Wilson (1991, p.35) parlent, à ce propos, de « premier grand goulot d’étranglement par lequel la littérature classique a dû passer »2. De la même manière, si l’on se penche sur les seules œuvres scientifiques grecques,

il semble qu’il y ait deux critères de choix suivis par les Byzantins et les Arabes qui nous en ont conservés quelques-unes. Tout d’abord, celui de privilégier les auteurs d’époque impériale, dont les ouvrages sont, en général, méthodologiquement inférieurs, mais plus facilement utilisables. Ensuite, parmi les ouvrages de chaque auteur on a préféré, en général, les plus accessibles et souvent seulement leurs parties initiales3 (Russo, 1997, p.25).

Si le paradigme de la transmission semble consister à accepter que toute source enferme une vérité qui s’explique ou s’expliquera un jour de manière cohérente, dans un dialogue traversant l’histoire, il faut que les conditions de production s’accordent avec les conditions de conservation, à savoir avec la possibilité d’accéder à un ancien document deux mille ans après. En ce sens, la question des différents modes de conservation interpelle en même temps la sphère des méthodes et des techniques, des protocoles et des lois permettant l’accès aux documents disponibles. Dans son article, intitulé Étude de la taille de claveaux d’arcs bâtis au XIe siècle dans l’ancien archidiocèse de Sens : proposition de protocoles archéométriques et traitements statistiques, Anne-Laure Morel propose de combler le manque de connaissances sur la stéréotomie des claveaux d’arcs au XIe siècle, période de grandes transformations dans le bâti, par une méthode d’investigation qui combine des relevés archéométriques avec des statistiques multidimensionnelles pour prendre en compte l’écart entre l’artefact originel et son état actuel altéré. Thomas Robardet-CaffinLe château de Montferrand, la modélisation d’une forteresse ruinée à partir des sources écrites et de l’étude du bâti –, en revanche, s’interroge sur la possibilité de combiner les informations obtenues à partir de l’étude des ruines du château de Montferrand avec des sources d’autre nature pour comprendre ses transformations entre les XIe et XVIIe siècles et essayer de restituer son état originel avant son démantèlement au XVIIe siècle.

Toutefois, les questions de la conservation et de la transmission des sources, ainsi que celle de leur réception, interpellent également la sphère des technologies de plus en plus puissantes permettant d’approcher les sources d’un regard nouveau. Il suffit de penser aux avancées dues à l’application de la technologie à l’étude des œuvres d’art (Dupouy, 1996) : les recherches actuellement menées sur Les Jeunes et Les Vieilles de Francisco de Goya à l’aide des rayons X sont en train de remettre en question l’idée selon laquelle les deux tableaux auraient été expressément peints pour être associés (Bindé, 2020). Et comment ne pas songer aux résultats dus au recours aux ultraviolets et à l’imagerie multispectrale dans l’étude et le déchiffrement, dès la fin des années 1990, du palimpseste d’Archimède, un codex cachant, derrière des textes sacrés copiés à l’époque byzantine, plusieurs traités du célèbre physicien, dont La Méthode et le Traité des corps flottants jusqu’alors perdus ?4

Eurêka ! : conserver c’est également découvrir ou redécouvrir. S’agissant toujours de textes classiques, si de nombreuses découvertes sont liées à des humanistes tels que Pétrarque, Coluccio Salutati ou Poggio Bracciolini (Reynolds & Wilson, 1991, p.101-116), le présent aussi continue de nous ouvrir des fenêtres sur ce monde disparu, mais qui persiste encore aujourd’hui : pour ne citer qu’un exemple récent, il suffit de rappeler que de nouveaux aspects de la biographie du médecin Galien de Pergame sont venus à la lumière en 2005, grâce à la découverte, par Antoine Pietrobelli, d’un traité jusqu’alors perdu, le Ne pas se chagriner (Boudon-Millot, 2008). Conserver et transmettre équivalent, donc, d’une certaine manière, à résister, résister au tempus edax rerum (Ovide, Métamorphoses XV, 234), « le temps qui dévore tout ». Prenons, par exemple, un manuscrit. Sa valeur va bien au-delà de son contenu : s’il existe, c’est parce qu’il y a eu un ou plusieurs copistes, puis des lecteurs et il n’oublie pas de nous parler également de leur mémoire. Dans sa contribution Étude de quelques variantes inédites dans le Psautier de Sedulius Scottus : une nouvelle édition du texte des psaumes au IXe siècle ?, Marie-Noëlle Diverchy-Gadd offre un exemple de la manière dont « les acteurs de la transmission manuscrite modèlent et remodèlent sans cesse et de diverses façons » les textes. L’autrice se focalise, en particulier, sur quelques variantes caractérisant le texte des psaumes de Sedulius Scottus (IXe s.) : ces leçons, qui s’inspirent de la traduction latine par Jérôme, trouvent leur explication dans un contexte de révision des textes bibliques promue par Charlemagne.

 

2) Problèmes de reconstruction (historique ou fictive) d’une réalité

« On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées, et je ne conseille de lire celles-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre » écrit Molière (1971, p.95).

Quelle responsabilité est attribuée au lecteur et à sa capacité de reconstituer l’intention de l’auteur ? Que pouvons-nous savoir de la façon dont un texte vit réellement sur scène ?

Anne Ubersfeld (1977) s’interroge au sujet des limites intrinsèques de la lecture d’un texte théâtral et, d’après ses réflexions, on peut conclure qu’un spectacle de théâtre est bien plus que ce qui est écrit dans le texte :

la lecture du théâtre est pensée comme un succédané, une pratique de substitution par rapport au spectacle réel. Ainsi, l’infériorité de la lecture par rapport au spectacle est souvent posée en termes ontologiques : le texte de théâtre est un objet incomplet, tandis que le spectacle, lui, est complet ; c’est donc par essence que la lecture du théâtre serait moins légitime que la représentation (De Guardia & Parmentier,  2009, p.131).

L’interprétation correcte du texte pose déjà de nombreux problèmes (parfois nous ne saisissons pas certains doubles sens ou jeux de mots qui étaient clairs pour le public de l’époque : Richard, 2019), mais d’autres questions doivent également être abordées. Si l’on met en rapport le théâtre avec les sources documentaires exploitables dans ce domaine, on constate que l’historiographie théâtrale n’a souvent pris en compte comme informateurs réels que les sujets de la relation acteur-spectateur (Meldolesi, 1989). Certains éléments sont délibérément inventés, pour d’autres vaut l’adage selon lequel la connaissance qu’un sujet peut construire d’un réel est celle de sa propre expérience du réel (Le Moigne, 2012). Les auteurs de commentaires, de descriptions, de documents iconographiques sont considérés comme des garants de vérité, alors qu’on se réfère aux témoignages des acteurs pour ce qui concerne les données sur les aspects techniques des pratiques théâtrales. À ce sujet il est intéressant de souligner ce que Giorgio Strehler dit à propos de son travail sur les Mémoires de Carlo Goldoni. Comme elles-mêmes ne sont pas totalement fiables parce qu’elles reflètent en partie le désir de l’auteur d’ajuster son expérience comme bon lui semble, voici ce qu’en fait le metteur en scène :

une sorte d’histoire, une histoire très réelle et très inventée, où l’on ne sait jamais si les choses se sont passées exactement comme je les ai pensées, si elles sont historiquement et biographiquement exactes ou si elles sont simplement des paraphrases, ou des pensées. Je pense que la biographie d’un homme d’art peut être faite, non seulement par la vérité des choses, les choses incontournables, mais aussi par un acte d’amour et d’invention5 (Strehler, 1997, p.41).

Voici donc une série de questions sur la réalité, le théâtre et la biographie qui se croisent et se présupposent de manière complexe. Pour le théâtre, comme pour la poésie, la littérature, etc. de nombreux facteurs sont à prendre en compte pour analyser une œuvre, son sens, son but, sa fortune et ces problématiques sont explorées par plusieurs auteurs.

Dans son article Déconstruire le mythe de la chute des Burgraves de Hugo : réalité et représentations du 7 mars 1843, Agathe Giraud s’est penchée sur le mythe de l’échec de la représentation des Burgraves de Victor Hugo en 1843, échec qui a été considéré pendant longtemps comme l’emblème de la fin du drame romantique. Dans ce travail, elle nous montre que c’est l’emploi sélectif des sources, influencé par le patriotisme de l’époque, qui a mené à cette mystification, et que c’est seulement en s’appuyant sur l’ensemble des sources disponibles sur le sujet (registres des recettes, lettres privées) que l’on peut démonter cette mystification et dévoiler une réalité différente. Francis Kay Les realia ou comment nommer l’en deçà des sources ? – réfléchit à propos de la notion de realia, de leur différence par rapport aux sources et de leur importance dans le processus de création d’un texte. Lors de l’interprétation d’un texte, le chercheur doit tenir compte de ces realia. Pour ce faire, l’auteur met en relation des textes du XIXe siècle parisien avec le contexte où ils ont été produits et, en particulier, avec le monde des chiffonniers et des cafés. La réflexion de Virginie Lecorchey, dans l’étude Le statut de la « biographie » et le traitement des documents historiques comme éléments de transmission, s’ancre sur la posture adoptée par un historien/écrivain tel que Stephan Zweig lors de la reconstruction de la biographie de personnages ayant réellement vécu pour en faire les protagonistes/héros de son ouvrage. L’approche et la réception de la part du lecteur doivent toujours être remis en cause. Pour ce faire, l’autrice analyse la manière de se référer aux sources de Zweig en tant que biographe. Teresa Malinowski axe sa recherche – Lectures et interprétations de la littérature de voyage : l’exemple des récits de voyage en Pologne-Lituanie des XVIIe-XVIIIe siècles – sur les récits de voyage – notamment les récits des voyages en République de Pologne par des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles – abordés comme sources historiques, compte tenu des facteurs qui les ont influencés (guides précédents, fascination de l’exotique, etc.). En parallèle, elle reconnaît l’intérêt de ces récits pour la reconstruction des représentations en tant que telles, ainsi qu’en tant qu’émanation du pays et de la période qui les ont produits.

 

3) Adaptation, défiguration, perception

Un document sert d’information ou de preuve. D’un point de vue juridique, il est un instrument qui permet de formuler un jugement sur l’existence d’un fait ou d’un acte, parfois sous réserve de satisfaire certaines dispositions imposées par la loi, comme c’est le cas d’un écrit ad validitatem. Cela semblerait fournir une certaine certitude et pourtant, comme Jacques Le Goff le rappelle,

le document n’est pas innocent. Il est avant tout le résultat d’un montage, conscient ou inconscient, de l’histoire, de l’époque, de la société qui l’ont produit, mais il l’est également des époques successives pendant lesquelles il a continué à vivre, peut-être oublié, pendant lesquelles il a continué à être manipulé, si ce n’est par le silence. Le document est ce qui reste, ce qui dure, et le témoin, l’enseignement (pour évoquer son étymologie) qu’il apporte doivent être analysés en premier lieu pour démythifier sa signification apparente (Le Goff, 1988, p. 63).

Souvent un document qui dort entre deux époques, comme plaqué entre deux horizons, entre deux mondes séparés par des archives, une bibliothèque ou une couche stratigraphique, entouré par un silence qui essaie d’être entendu, comme les silences entre les notes d’une partition, nécessaires aussi bien pour la musique que pour son interprétation, ne nous pose pas le problème de son authenticité mais de la vérité qu’il véhicule, tout comme Le Goff l’affirme.

Il existe de nombreux incidents susceptibles d’affecter, intentionnellement ou non, les documents, tels que des manipulations ou des adaptations visant à donner une certaine vision des faits utile aux fins de l’auteur ou des récepteurs, ou bien des modifications dues à des traductions ultérieures. Dans son article Angélique de Saint-Jean (1624-1684) : forger la mémoire de Port-Royal, montages et stratégies d’écriture, Sabria Chebli se penche sur la figure de la religieuse janséniste de Port-Royal Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly et nous offre un exemple clair de manipulation des sources à des fins utilitaristes. En effet, par divers moyens tels que, par exemple, la destruction de quelques documents qui étaient encore disponibles de son époque, la mère Angélique essaie de construire le mythe d’un Port-Royal janséniste, après la réforme promue par sa tante, la mère Angélique Arnauld (1591-1661), qu’elle essaie également de faire canoniser. Contemporaine d’Angélique de Saint-Jean est la carmélite Louise de Jésus, religieuse à laquelle Sandra Carabin consacre l’étude Une carmélite « à demi-mots » : Louise de Jésus (1569-1628), de l’autobiophonie aux Fondations, une écriture transfigurée ? Par l’analyse du récit que Louise fait de son voyage en Espagne, de la Vie de la vénérable Mère Louise de Jésus par la sœur Thérèse de Jésus Béreur et de l’abrégé de vie inclus dans les Fondations des carmélites réformées de France, l’autrice montre que le récit de la biographie de la carmélite a été adapté en fonction des objectifs à atteindre : édifier ou construire une histoire de l’ordre.

Il s’ensuit que le chercheur doit intégrer dans son raisonnement de tels événements et il est primordial qu’il soit conscient de ces aléas pour éviter toute sorte d’erreurs lorsqu’il interprète les sources et lorsqu’il reconstruit une réalité à partir de traces multiples. Mais il peut également arriver que des erreurs se produisent à l’un des moments de la transmission et de la réception des sources et qu’elles se répercutent ensuite sur les documents qui en dérivent : « L’erreur presque toujours est orientée d’avance…elle ne prend vie qu’à la condition de s’accorder avec les partis pris de l’opinion commune ; elle devient alors [comme] le miroir où la conscience collective contemple ses propres traits », nous dit M. Bloch (M. Bloch, 1993, p.136-137). La contribution de Flavio Paredes Cruz, Des sources aux cases. Des représentations des cultures autochtones de l’Amérique latine dans la BD européenne, étudie quelle image des cultures amérindiennes véhicule le neuvième art. Il en ressort que, malgré la préoccupation documentaire des auteurs, ce sont les imaginaires préconstruits, où l’exotisme et l’aventure jouent un rôle de premier plan, qui l’emportent et qui contribuent ainsi à la déformation de la réalité décrite. Le genre de la BD fait également l’objet de l’article Le Souvenir s’en va-t’en guerre, Transmissions & Représentations du soldat de 14-18 par le 9ème Art par Brice Douffet, Valérie Haas et Nikos Kalampalikis. Les auteurs étudient 84 bandes dessinées afin de comprendre, plus de cent ans après le conflit, quelle image du soldat de la Première Guerre mondiale est transmise par l’ensemble de ce corpus (ils s’intéressent également aux représentations sociales qui pourraient en découler chez un public d’adolescents de la ville de Reims, déjà sensibilisés sur le sujet). S’il ne faut pas lire les sources avec le « virus du moment », il est également vrai que la lecture des sources est influencée par la sensibilité des lecteurs, qui change d’une époque à l’autre.

La première guerre mondiale a également été au cœur de l’exposition Regards croisés de deux médecins narbonnais pendant la Première guerre mondiale, conçue par la Médiathèque du Grand Narbonne avec la collaboration d’une doctorante de l’UPVM, Frédérique Tudoret-Puech, qu’elle a également présentée aux intervenants au colloque Scripta manent. Réalisée dans le cadre des commémorations du Centenaire 14-18, l’exposition mettait en lumière deux fonds d’archives privés, légués à la Ville par les descendants des Docteurs Albarel et Pigassou. Ces regards croisés apportent un témoignage exceptionnel et complémentaire sur le Front d’Orient méconnu et souvent oublié6.

Les deux journées du colloque Scripta manent ont été, comme disait Walter Benjamin (1997, p.433-434), « un rendez-vous mystérieux entre les générations défuntes et celles dont nous faisons partie nous-mêmes » et nous ont permis d’aborder, depuis des perspectives différentes, la question de la transmission de sources, traces et témoignages et du dialogue avec eux. Nous espérons que les pages qui suivent pourront aider les lecteurs à « réécouter ces voix qui nous rapprochent d’univers lointains (…), de peuples (…) ternes, mais [qui], comme des étoiles éteintes, continuent d’envoyer leur message de lumière »7 (Semerano,  2011). Bonne lecture !

 

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Bibliographie

  • Benjamin, W. (1997). Écrits français. Paris : Gallimard.
  • Bindé, J. (2020, 24 décembre). “Les Jeunes” et “Les Vieilles” de Goya : les mystères d’un duo grinçant. BeauxArts, disponible en ligne sur https://www.beauxarts.com/non-classe/les-jeunes-et-les-vieilles-de-goya-les-mysteres-dun-duo-grincant/ (consulté le 28 décembre 2020).
  • Bloch, M. (1993). Apologie de l’histoire ou Métier d’historien. Paris : Armand Colin. 
  • Boudon-Millot, V. (2008). Un traité perdu de Galien miraculeusement retrouvé, le Sur linutilité de se chagriner : texte grec et traduction française.  In : Boudon-Millot, V., Guardasole, A., Magdelaine, C. (dir.). La science médicale antique : nouveaux regards : études réunies en lhonneur de Jacques Jouanna. Paris, Beauchesne, 73-123. 
  • Carr, E. H. (1966). Sei lezioni sulla storia. Torino : Einaudi.
  • Chabod, F.  (2006 [1969]). Lezioni di metodo storico. Roma-Bari : Laterza.
  • De Guardia, J., Parmentier, M. (2009). Les yeux du théâtre. Pour une théorie de la lecture du texte dramatique. Poétique, vol.158, no.2, 131-147.
  • Dupouy, J.-M. (1996). Les rayons X et l’étude des œuvres d’art. Journal de Physique IV Proceedings. EDP Sciences, no.6, 791-808.
  • Exposition La grande guerre sur le front d'Orient à travers les regards croisés de deux médecins Narbonnais : https://www.univ-montp3.fr/fr/communiques/la-grande-guerre-sur-le-front-dorient-à-travers-les-regards-croisés-de-deux (consulté le 29 décembre 2020).
  • Exposition Regards croisés de deux médecins Narbonnais pendant la première guerre mondiale : https://issuu.com/lamediathequedugrandnarb onne/docs/exposition_patrimonial_2016 (consulté le 29 décembre 2020).
  • Le Goff, J. (1988). La Nouvelle histoire. Paris : Éditions Complexe.
  • Le Moigne, J.-L. (2012). Les hypothèses fondatrices des épistémologies constructivistes. Les épistémologies constructivistes. Paris : Presses Universitaires de France, 67-90.
  • Meldolesi, C. (1989). L’attore, le sue fonti e i suoi orizzonti. Teatro e storia : orientamenti per una rifondazione degli studi teatrali, A.4,  no.7, 199-214.
  • Molière (1971). Œuvres Complètes, t. 2. Paris : Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade ».
  • Ovide (1930). Métamorphoses, tome III, Livres XI-XV, édités et traduits par Le Bonniec, H., Lafaye, G. Paris : Les Belles Lettres.
  • Palimpseste d'Archimède : http://archimedespalimpsest.org (consulté le 27 décembre 2020).
  • Reynolds, L. D., Wilson, N. G. (1991 [1968]). Scribes and Scholars. A Guide to the Transmission of Greek en Latin Literature. Oxford : Clarendon Press.
  • Richard, J.-P. (2019). Shakespeare pornographe : un théâtre à double fond. Paris : Éditions Rue d’Ulm.
  • Semerano, G. (2011, 17 mai). Le parole dell’origine. Più tenaci delle pietre [entrevue radiophonique]. In Uomini e profeti de G. Caramore, disponible au lien suivant : http://www.musil.it/incontri/Semerano/audio/Semerano_01.mp3 (consulté le 27 décembre 2020).
  • Strehler, G. (1997). Goldoni ed il Teatro. Quaderns d’Italià, no.2, 39-46, disponible sur https://ddd.uab.cat/pub/qdi/11359730n2/11359730n2p39.pdf.
  • Russo, L. (1997 [1996]). La rivoluzione dimenticata. Il pensiero scientifico greco e la scienza moderna. Milano : Feltrinelli.
  • Ubersfeld, A. (1977). Lire le théâtre. Paris : Éditions sociales.

 

Notes

1 Sur le caractère purement pratique de telles distinctions, cf. Chabod (2006, p.54-60).

2 « First major bottle-neck through which classical literature had to pass » (nous traduisons).

3 « Due sembrano i criteri di scelta seguiti dai Bizantini e dagli Arabi che ce ne hanno conservate alcune. Innanzitutto quello di privilegiare gli autori di età imperiale, le cui opere sono in genere metodologicamente inferiori ma più facilmente utilizzabili. Tra le opere dei singoli autori si sono preferite poi in genere quelle più accessibili e spesso solo le loro parti iniziali » (nous traduisons).

4 Pour davantage de détails sur ce sujet, voir http://archimedespalimpsest.org (consulté le 27 décembre 2020).

5 « [...] una specie di racconto, un racconto molto vero e molto inventato, dove non si sa mai se le cose siano andate proprio così come io le ho pensate, se siano storicamente e biograficamente esatte o si tratti semplicemente delle parafrasi, oppure dei pensieri. Penso che la biografia di un uomo d’arte si possa fare, non soltanto, però, attraverso la verità delle cose, quelle ineluttabili, ma anche con un atto d’amore e di invenzione » (nous traduisons).

6 Pour davantage de détails, voir la présentation des exprositions La grande guerre sur le front d'Orient à travers les regards croisés de deux médecins Narbonnais (https://www.univ-montp3.fr/fr/communiques/la-grande-guerre-sur-le-front-dorient-à-travers-les-regards-croisés-de-deux, consulté le 29 décembre 2020) et Regards croisés de deux médecins Narbonnais pendant la première guerre mondiale (https://issuu.com/lamediathequedugrandnarbonne/docs/exposition _patrimonial_2016, consultés le 29 décembre 2020).

7 « Riascoltare quelle voci che ci fanno partecipi di lontani universi (…) di popoli (…) spenti, ma [che], come astri spenti, continuano a mandare il loro messaggio di luce » (nous traduisons).

 

*Biographie

Sara Maddalena est ATER en Études Théâtrales à l’Université Paul-Valéry de Montpellier et Doctorante en Arts - spécialité Études théâtrales et spectacle vivant à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, en cotutelle avec l’Université de Padoue, doctorat en Histoire, critique et conservation des biens culturels.

 

**Biographie

Caterina Manco est Docteur de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 (Études grecques) et de l’Université de Bologne (Philosophy, Science, Cognition, and Semiotics). Ses recherches portent sur la littérature grecque et, en particulier, sur les textes médicaux, sur l’histoire du texte du traité des Simples de Galien et sur sa réception. 

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Étude de la taille de claveaux d’arcs bâtis au XIe siècle dans l’ancien archidiocèse de Sens : proposition de protocoles archéométriques et traitements statistiques

Anne-Laure Morel

Dans le domaine du bâti médiéval, la rareté des sources génère des lacunes dans la connaissance de la stéréotomie. Pour retrouver une pratique élémentaire de cet art du trait, les claveaux d’arcs en plein cintre bâtis au XIe siècle sont étudiés dans l’Archidiocèse de Sens. L’hypothèse qu’aucun gabarit n’a été utilisé pour dresser les claveaux s’est vite imposée en questionnant d’avantage le mode opératoire adopté pour bâtir ces arcs. S’agissant d’artefacts anciens, cette étude nécessite une méthode d’investigation adaptée à l’examen...

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